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Parfois, il est nécessaire de partir vers une autre destination pour faire les études qui nous passionnent… Après le bac, Inès a fait le choix d’étudier en Belgique, elle nous raconte tout.
Inès, parle-nous de toi…
Je m’appelle Inès, j’ai 23 ans, je suis originaire de Marseille et je suis partie étudier en Belgique, à Liège pour des études en orthophonie. Je suis actuellement en dernière année. Là-bas on appelle ça la logopédie. Dans ce domaine, les étudiants sont à 95% des filles, et certaines viennent même de très loin, comme l’île de la Réunion. Elles essaient d’abord d’obtenir un concours en France, mais elles doivent parfois finalement s’installer en Belgique (le changement de climat ne doit pas être facile à vivre, pour moi c’est déjà une vraie torture).
Qu’est-ce qui t’a poussée vers ces études ?
J’ai toujours voulu être orthophoniste ; j’ai fait un bac littéraire, puis une année de préparation au concours en France. Celui-ci ne représente pas du tout les études d’orthophonie ; il s’agit uniquement d’apprendre des tonnes d’informations, parfois utiles (sciences, grammaire), parfois moins pour la formation (culture (très) générale). Il faut bien trier les candidats d’une façon ou d’une autre… Sachant que le numerus closus est très faible : il y a un concours par académie et en moyenne seulement une trentaine de candidatures sont acceptées sur les deux mille candidatures reçues. Ce concours est très aléatoire et très difficile (on m’a par exemple demandé l’année du décès d’Alain Bashung ou le nombre d’albums de Michael Jackson…). Pour ceux qui le réussissent, c’est parti pour cinq ans d’études (contre quatre il y a encore quelques années). Pour les autres, il faut recommencer.
Après avoir fait le tour de France des concours, j’ai vite compris que si je voulais exercer le métier de mes rêves, je devais partir. Et c’est comme ça que j’avais fait le choix d’étudier en Belgique.
Est-ce difficile de s’inscrire pour étudier en Belgique ?
C’est un parcours du combattant administratif pour partir étudier en Belgique ! Il faut obtenir une équivalence du diplôme du baccalauréat avant une date précise pour qu’il soit valable dans toute l’Europe.
Ensuite en Belgique, il existe deux cursus distincts pour l’orthophonie : l’université en cinq ans, et la Haute École en trois ans. À l’époque, il y avait un tirage au sort réservé aux non-résidents belges pour entrer dans l’un et l’autre.
Je n’ai pas été sélectionnée au tirage au sort, j’ai donc choisi de m’inscrire en fac de psychologie, qui a un tronc commun avec l’orthophonie. Je me suis dit qu’à la fin de ma licence je serais considérée comme résidente belge (automatique après 3 ans de résidence) et que j’aurais ensuite la possibilité d’intégrer une passerelle, et enfin le Master de Logopédie. Je suis encore étonnée de ma motivation à ce moment-là d’étudier en Belgique car il fallait compter six ans.
Heureusement, ce système (non conforme aux principes de l’Union Européenne) a changé pendant ma première année de psychologie. C’est désormais « premier arrivé, premier servi » : étant déjà sur place j’ai pu déposer mon dossier rapidement et faire ma rentrée en Haute École l’année suivante.
Et depuis, comment se passe ta vie d’étudiante expatriée ?
Liège est une ville agréable, les Belges sont des personnes accueillantes et sympathiques. C’est une ville étudiante très vivante où il y a beaucoup de Français, en particulier étudiants en médical et paramédical (ça veut tout dire !).
Les études de logopédie sont assez intensives puisqu’elles ne durent que trois ans, donc tout est condensé : pendant leur durée, on met sa vie entre parenthèses, surtout quand notre famille et nos amis habitent loin comme dans mon cas.
En plus, j’ai un job étudiant dans un fast-food le dimanche pour aider mes parents à financer mes études… Cela ne me laisse pas beaucoup de temps libre.
Qu’est-ce que ce déménagement t’a apporté ?
Je suis partie de chez moi à dix-neuf ans un petit peu sur un coup de tête, un petit peu en touriste et j’ai grandi d’un coup. En un mois je suis devenue indépendante, moi qui était plutôt du genre plan-plan.
Et puis, étudier en Belgique m’a permis de faire des rencontres géniales : belges ou françaises, nous avons toutes une vraie passion pour ce métier.
Quelles erreurs de parcours aurais-tu pu éviter ?
J’ai le sentiment d’avoir perdu mon temps et mon argent en prépa. Cette année a été une source de stress et de fatigue vraiment inutile : à mon avis ces concours ne sont pas faits pour les jeunes bacheliers mais plutôt pour des personnes avec un minimum d’expérience de vie. Pas forcément adultes, mais ayant une meilleure capacité de travail et une grande ouverture sur le monde.
Je me rends compte maintenant qu’à l’époque je n’étais pas assez mature pour savoir de quelle façon procéder, je manquais clairement de curiosité et de méthodologie.
Maintenant que tes études en Belgique touchent à leur fin, est-ce que tu vas revenir en France ?
Oui. En priorité pour obtenir l’équivalence de mon diplôme car les lois changent tout le temps, et j’ai peur que la France ferme la voie aux expatriés qui veulent revenir. Je ne veux pas prendre ce risque. Et bien sûr parce que ma famille, mes amis et surtout le soleil me manquent !
Une équivalence ? C’est-à-dire ?
L’équivalence consiste à effectuer plusieurs stages dans des domaines précis choisis par une commission en fonction de ceux qui n’ont pas été approfondis durant le cursus belge.
Tu n’auras pas de mal à entrer dans le monde du travail ?
Je ne pense pas rencontrer de difficultés. C’est un métier où il n’y a pas de chômage. Au contraire, il y a même une pénurie d’orthophonistes. Mais une énorme vague de françaises débarque des écoles belges et cela va permettre de renflouer la profession. Pour le moment, les « listes d’attentes » des orthophonistes pour les prises en charge sont souvent de plusieurs mois donc tant mieux !
Ce qui facilite aussi l’intégration, c’est que nous pouvons travailler dans toutes sortes de structures (en cabinet libéral, hôpital, à domicile, maison de retraite,…), au contact de populations très variées, des nourrissons aux personnes âgées.
Au final, qu’est-ce que tu conseillerais aux futurs orthophonistes qui veulent étudier en Belgique ?
Je conseille à tous les jeunes motivés et passionnés de foncer parce que c’est une super expérience. Cela peut être très difficile moralement et j’ai vu beaucoup de Françaises abandonner en cours de route et rentrer au pays. Soit parce qu’elles se sont rendu compte dès les premiers stages que ça n’était pas pour elles, soit parce que la distance était simplement trop dure à supporter dans des études aussi intenses. Il faut avoir les nerfs solides. Mais comme je dis à toutes les « nouvelles » avec qui j’ai pu discuter : « Si moi j’y arrive,… c’est faisable ! ! »
Merci Inès et bonne chance pour la dernière ligne droite !
- En savoir plus sur le concours en France : le site devenir-orthophoniste.fr
- En savoir plus sur la formation en Belgique : le site de la Haute Ecole de Liège
En bonus, Inès partage son « Petit Lexique pour survivre et ne pas passer pour un demeuré en Belgique »
Baraki : C’est une insulte. Un baraki est un homme ou femme à l’aspect douteux, très négligé, de la famille du « beauf ».
Biesse : idiot(e)
Bloque : session de révision avant des examens
Bourgmestre : Maire
Brun : Marron (ça peut paraître bête, mais ne vous avisez pas de demander le crayon marron à un enfant ; il ne comprendra pas, ou dans le meilleur des cas, vous corrigera)
Capoule : Frange
Chique : Bonbon (un bonbon est un gâteau ATTENTION on ne plaisante pas avec ça!)
Crollé : Bouclé
Dîner : Déjeuner
Drache : Grosse pluie
Essuis : Serviettes de toilette
Fort : Très (ouais, au début, on a l’impression de discuter à une garden party)
Gsm : téléphone portable
Guindaille : Fête étudiante
J’ai bon là : je n’ai ni froid ni chaud, mon corps est à température parfaite.
Kot : logement étudiant
Latte : Règle
Mallette : Cartable
Moi bien : Moi oui (ex: – Tu aimes le chocolat? -Non -Moi bien!)
Nenni hein! : Non, non, non, je ne suis pas d’accord avec ça!
Nonante : Quatre-vingt-dix (faut s’y faire)
Oufti : interjection qui ne veut rien dire, pour exprimer sa surprise ou son mécontentement. Plus ou moins « Putain »
Plumier : Trousse
Poronne : Insulte envers une fille, synonyme de « pét*sse » ; ça peut néanmoins être amical.
Savoir : Pouvoir
Septante : Soixante-dix (oui, d’accord, c’est eux qui ont raison…)
Souper : Dîner
Tantôt : Tout à l’heure, à tantôt : à tout à l’heure
Tirette : Fermeture éclair