Retour sur cette expérience enrichissante racontée par Nuage nomade.
Carte d’identité
- Prénom : Miryam
- Age : 27 ans
- Destination de départ : ERASMUS à Mannheim dans le Baden-Württemberg
- Durée de l’expérience : 10 mois (septembre à juin) 2015/2016
Parle-nous un peu de toi et de ton parcours ?
Je m’appelle Miryam, j’ai 27 ans et je suis actuellement assistante de français à Francfort-sur-le-Main, je vis donc en Allemagne depuis septembre. Entre 2016 et 2017, j’ai habité en Autriche, à Linz où j’ai été assistante de français dans le cadre du programme bilatéral du CIEP (Centre International d’Etudes Pédagogiques). Juste avant, entre 2015 et 2016, j’ai fait une année d’Erasmus en Allemagne, à Mannheim pendant un an.
Je me définie comme une nomade voyageuse car ça fait depuis quelques années maintenant que j’ai quitté la France. En parallèle de mon travail d’assistante de français, je termine mon Master en FLE et j’envisage par la suite de poursuivre en doctorat, ici en Allemagne. Je suis accessoirement blogueuse voyage, sur mon blog je parle justement de mes expériences de vie à l’étranger, de mes voyages mais surtout de mon pays de cœur, l’Allemagne.
Pourquoi as-tu décidé de partir faire un ERASMUS de 1 an ?
Faire un séjour Erasmus était pour moi ma principale motivation durant ma scolarité. C’était un rêve et surtout de le faire en Allemagne. Je ne me voyais pas du tout le faire pendant un semestre car je trouvais que c’était vraiment trop court. Le temps d’arriver et se d’adapter qu’il était déjà temps de partir. Je ne voulais pas ça, je trouvais ça trop frustrant.
Et pourquoi l’Allemagne ? Qu’est-ce qui t’a le plus attiré sur cette destination ?
L’Allemagne car c’est simplement mon pays de cœur. Je sillonne le pays depuis quelques années et c’était une évidence que l’expérience Erasmus devait s’y faire. Honnêtement, je rêvais de le faire à Berlin mais quand j’ai vu que mon université n’y proposait qu’un séjour d’un semestre, j’ai refusé. Je me suis donc retrouvée à Mannheim, en étant la première à y être envoyée par mon département. Et je n’ai aucun regrets.
Pendant la préparation de ton séjour, t’es-tu aidée de sites internet, de livres, des témoignages … ? Qu’est ce qui t’a le plus aidé à concrétiser ce projet ?
Franchement, ce qui m’a vraiment aidé c’est le site de l’université de Mannheim et la page Wikipédia de Mannheim. C’est sans doute ridicule, mais ça m’a rassurée. Après, ce que j’ai fait c’est que je suis allée à Mannheim une journée pour découvrir la ville, histoire de savoir où j’allais mettre les pieds. Et quand je me suis retrouvée devant cet immense château baroque qui servait d’université, je me suis dit que c’était définitivement le bon choix. Ce qui aide aussi beaucoup, c’est le fait que je connaissais si bien le pays c’était vraiment plus facile de se préparer en le connaissant et en ayant des ami(e)s allemand(e)s.
Qu’est-ce qui t’a le plus frappé en arrivant dans le pays ?
Comme je connaissais déjà le pays avant d’y aller en Erasmus rien ne m’a frappée ou choquée puisque j’étais déjà habituée à l’Allemagne. Mais ce qui me fascine toujours autant malgré les années c’est les bouteilles consignées. Je trouve ce système absolument génial, ça sauve les fins de mois quand on est étudiants, je peux vous l’assurer !
As-tu des difficultés pour te loger ? la colocation, le prix des logements étudiants…
A Mannheim, non. J’ai trouvé une coloc avec une fille un peu en dehors de la ville, je mettais 15 minutes pour aller à l’université en tramway. Après coup, ce n’était pas cher, 260€ mais j’ai dû meubler la chambre moi-même et puis c’était quand même contraignant si je voulais rentrer le soir tard par exemple. C’est ce que j’ai le plus regretté. Par contre, se loger dans le centre de Mannheim peut vite attendre des sommets, il faut compter entre 350 et 500€ par mois.
Comment décrirais-tu le système d’enseignement en Allemagne ?
Absolument génial. Personnellement, je me suis totalement épanouie dans le système d’enseignement allemand. J’ai vraiment apprécié l’idée que les enseignants et professeurs sont dans une optique de partage et de transmission des savoirs. On cherche à développer l’esprit critique. Je me suis retrouvée dans un séminaire (TD) avec 8 étudiants, on ne verrait jamais ça en France ! Pour le système allemand, je pense qu’il faut également être très discipliné et très autonome même si les enseignants sont toujours disponible quand on les sollicite. Ils sont très investis et demandent donc en échange que les étudiants soient également investis à 100%.
Parle-nous de ton expérience d’enseignant de français dans un Kindergarten ?
Lors de mon second semestre à Mannheim, j’ai eu l’occasion de travailler comme enseignante de français dans une Kita auprès d’enfants âgés entre 3 et 6 ans. C’était des cours d’initiation au français mais c’était quand même amusant de leurs apprendre du français de façon ludique. C’était ma première expérience de travail à l’étranger, c’était intéressant de voir comment se passait l’enseignement d’une langue dans un autre pays et puis surtout de voir à quel point les enfants peuvent être très autonomes à cet âge là. Je me suis aussi rendue compte que la pédagogie en Allemagne est réellement très différente, ils ont une autre approche de l’enseignement et de comment un enfant peut s’épanouir en classe.
Quelles sont les formalités pour aller en Allemagne ou arriver dans la ville ?
Si vous êtes Français, il n’y a rien à faire juste à faire ses valises, se trouver un logement et s’y installer. La seule chose très importante à faire et qui est de toute façon obligatoire, c’est l’étape du Anmeldung. Il s’agit d’aller dans la mairie de la ville où vous vivez et de déclarer votre présence sur le territoire allemand avec votre bail et votre pièce d’identité. Vous aurez un formulaire à remplir et vous recevrez un document avec votre adresse. Ce document est vraiment très important, c’est une sorte de certificat de logement si l’on veut. Avec ça, vous pourrez ouvrir un compte en banque, avoir un abonnement à internet, un abonnement téléphonique et surtout travailler.
Parle-nous du côté historique de la ville ?
Mannheim est une ville industrielle bordée par le Rhin et le Neckar. Face à elle se trouve Ludwigshafen, la capitale de la Rhénanie-Palatinat. C’est une ville qui a énormément souffert de la guerre puisqu’elle a était en très grande partie détruite, elle a dont était totalement reconstruite. Ce qui fait qu’à part le château, tout le centre est assez moderne. Il n’y a pas à proprement parler de vieille ville comme à Francfort par exemple. Quand on arrive à Mannheim, je l’avoue c’est la déprime assurée pour quelques semaines, mais on constate qu’on s’y attache très rapidement et honnêtement, c’est très difficile de la quitter. J’ai encore du mal, 2 ans après. J’essaye d’y retourner au moins une fois par an. Maintenant que j’habite à Francfort c’est bien plus pratique car je peux y être en 30 minutes.
Coté coût de la vie… Peux-tu nous donner des exemples de coûts de la vie de tous les jours ? (Transport, logement, alimentation, sorties, bières, habillement…) ? il existe des prix et offres étudiants aussi ?
Le coût de la vie en Allemagne est relativement faible, sauf dans les grandes villes comme à Francfort. A Mannheim, je me logeais pour 260€ par mois en étant hors du centre ville, contre 600€ actuellement à Francfort en plein centre ville. Concernant les transports si on a pas d’abonnement coûte de façon générale très cher en Allemagne. J’ai eu la chance en tant qu’étudiante d’avoir un Semesterticket que j’ai eu gratuitement le premier semestre, mais qui m’a coûté 155€ le semestre suivant, c’était un ticket de transport pour les étudiants valable un semestre, je pouvais donc circuler dans les environs de Mannheim et Heidelberg et même jusqu’à Wissembourg en Alsace, gratuitement.
Actuellement à Francfort, j’ai un ticket de transport spécial pour personne travaillant dans un établissement scolaire et effectuant une formation qui me coûte 365€ soit 1€ par jour pour une année valable dans toute la région de la Hessen. Concernant l’alimentation, tout dépend où l’on fait ses courses, il existe évidemment Lidl et Aldi, mais moi je faisais mes courses chez Rewe, pour une semaine de courses je m’en tirais pour environ 35-40€ alors qu’à Francfort on arrive pas loin des 60€. Les sorties, là encore tout dépend où l’on va et ce que l’on veut faire. On est en Allemagne, donc évidemment, la bière ne coûte pas chère en plus du choix plus qu’impressionnant. Pour s’habiller c’est aussi moins cher qu’en France. On retrouve les mêmes enseignes partout. A Mannheim, oui il existe des offres pour les étudiants, notamment en terme de programmation culturelle, il y a toujours quelque chose à faire ou à voir. Il existe également des théâtres, des musées et des cinémas avec des offres pour les étudiants, mais ça c’est partout en Allemagne.
L’expérience ERASMUS c’est souvent « la grande colonie de vacances » ? as-tu fait des rencontres riches ?
Alors dans mon cas, ça n’a pas était une colonie de vacances. Je pense très sincèrement que ça dépend beaucoup de comment on est et de comment on veut vivre l’expérience Erasmus. J’étais vraiment dans une optique d’intégration et de me sentir une étudiante comme une autre même si j’étais en échange. J’ai fait de très belles rencontres, des rencontres qui ont pas influencés mes choix de vie actuels. Je pense notamment à mes ami(e)s allemand(e)s qui sont aujourd’hui une part très importante de ma vie. J’ai en effet, eu la chance de rencontrer des allemand(e)s bilingues ce qui m’a énormément aidé à améliorer mon allemand que j’ai appris en autodidacte. Je suis arrivée à Mannheim avec un petit niveau mais j’essayais de me battre et d’apprendre, j’ai fini l’année avec un niveau B2. Aujourd’hui, je n’ai aucun souci pour communique et me faire comprendre que ce soit dans la vie de tous les jours ou pour le travail. Mais ma plus belle rencontre, c’est celle avec un de mes enseignants qui est devenu un ami. Il m’a beaucoup motivé, cru en moi et m’a ouvert la voie. C’est en partie grâce à lui et ses précieux enseignements que je me dirige vers la voie de la recherche et du doctorat.
Berlin est réputé pour ces nuits folles… ?
Oui, il paraît ! Disons que beaucoup connaissent Berlin pour ce côté là, mais croyez-moi, Berlin est une ville qui a beaucoup, beaucoup plus à offrir. Alors oui, il y a le côté soirées et nuits folles, mais c’est une ville avec un charme certain et une histoire très lourde. C’est une ville qui demande du temps et de la patience. Je n’ai réussi à l’appréhender qu’au bout de 14 fois et je pense que j’en ai encore beaucoup à prendre. C’est une ville qui change à une vitesse phénoménale et parfois, et je suis la première à le regretter, dans le mauvais sens et pour être, je ne suis absolument pas fan de ce changement car je pense que Berlin, y laisse son âme et c’est vraiment dommage.
Berlin est également réputé pour ces endroits abandonnés (hôpitaux, parcs d’attraction, piscines…), tu en as visités ?
Oui effectivement, du fait de son histoire il y a pas mal de lieux qui sont abandonnés. Oui, j’ai visité un hôpital pour enfants abandonné avec deux amies il y a quelques années déjà. C’était assez amusant et plutôt flippant mais étant passionnée de photographie, c’était un bonheur à prendre en photo.
Le revers de la médaille c’est qu’il est devenu de plus en plus difficile de déjouer la sécurité et d’y entrer. Certains lieux qui étaient gratuits et qu’on pouvait visiter en paix sont devenus payant et donc des attractions touristiques … Ce qui est vraiment dommage.
Es-tu partie avec une assurance internationale ou avec la CEAM ? Comment décrirais-tu le système de santé allemand ?
Non, juste avec la CEAM. Par contre, en tant qu’assistante de français, je suis couverte par une sécurité sociale allemande privée payée par la Hessen. Je n’y ai jusqu’à maintenant jamais eu à faire et j’espère que ce sera encore le cas. Mais je trouve que le système allemand plus compliqué qu’en France. Déjà, il faut savoir qu’il faut absolument avancer tous les frais même une visite chez un médecin ou une urgence à l’hôpital, après seulement on se fait rembourser et c’est pareil pour tous les actes médicaux comme une radiographie par exemple. Et ça coûte très cher. En général, une consultation chez un médecin juste pour une auscultation coûte 40€ …
Après ton ERASMUS, tu es partie en Autriche ? peux-tu nous du pays et de ton expérience ?
Effectivement, après mon année Erasmus en Allemagne, j’ai mis le cap vers l’Autriche, à Linz très exactement, ville située entre Salzbourg et Vienne. J’ai travaillé là en tant qu’assistante de français dans deux lycées. L’Autriche est un beau pays, surtout la région de la Linz, la Haute-Autriche avec la région des lacs, le Salzkammergut. Mais quant au reste, j’ai un regard vraiment très critique. Les Autrichiens sont des gens vraiment fermés, sauf dans les grandes villes et encore. C’est assez difficile de pouvoir discuter avec eux ou de se lier d’amitié. J’ai vraiment eu ce problème, heureusement, j’avais deux collègues qui étaient comme des mamans pour moi et qui justement ont bien conscience du fait de la mauvaise image qu’on peut avoir de l’Autriche. J’ai essayé de ne pas généraliser mais on ressent vraiment le poids des choix politique du pays avec un gouvernement conservateur allié à l’extrême-droite. C’était une expérience très enrichissante, mais très honnêtement, je ne suis absolument pas certaine d’y retourner un jour. Oui, c’est un beau pays, mais je pense qu’il faut aussi voir ce qui se cache derrière et être réaliste quant au fait que l’Autriche est un pays fermé.
Quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes qui veulent se lancer dans l’expérience de l’ERASMUS ? et quelles mises en garde ?
Allez-y ! Vous ne le regretterez pas. Soyez-vous même, n’essayer pas de rentrer dans un moule. Et surtout évitez le piège de l’anglais car c’est trop facile et ça ne vous aidera pas. Entrez en contact avec des allemand(e)s, n’ayez pas peur, ce sont des gens très ouverts et qui surtout adorent la France et le français.
Des prochains voyages prévus ?…
Pour le moment, je sillonne ma jolie région de Hessen qui a vraiment quelques petites pépites pleines de charme (voir mon Instagram). Mais l’objectif de cette année et d’aller dans les villes et régions où je ne suis pas encore allée. Je pense notamment à Nuremberg, Freiburg, Cologne, le Lac de Constance et j’aimerais vraiment revoir le Nord et la sublime région du Schleswig-Holstein tout comme du côté de la très belle ïle de Rügen au Nord-Est.
Merci et à bientôt sur Ready to Go !