Un pèlerinage religieux pour les Shintoïstes et les Bouddhistes. L’équivalent du Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pour les Chrétiens.
Il y a deux ans, j’avais fait le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle en partant de Saint-Jean-Pied-de-Port et en marchant 900 km pendant 33 jours. Une aventure humaine extraordinaire qui m’avait permis de rencontrer des personnes merveilleuses.
Lors du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, plusieurs personnes racontaient une légende orale selon laquelle si l’on faisait le pèlerinage de Compostelle et le Kumano Kodo, nous aurions accès à une cité secrète. Mon séjour à Osaka était donc l’occasion parfaite pour savoir si cette légende était réelle.
Avant de commencer ce pèlerinage de trois jours (bien plus court que le pèlerinage de Compostelle), j’avais décidé de faire un tour à Shirahama à deux heures en bus d’Osaka. J’y ai passé la nuit. Le jour suivant, je me suis rendu en bus à Tanabe pour avoir des informations concernant le Kumano Kodo.
Le Kumano Kodo est un pèlerinage composé de plusieurs chemins comme le Chemin de Compostelle. Si vous souhaitez donc le faire, vous n’êtes pas obligé de commencer à Tanabe.
En arrivant à Tanabe, je me suis rendu au centre d'informations... Je demande des informations sur le parcours. Alors que je m’attendais à découvrir une atmosphère spirituelle, j’ai dû faire face au système de consommation japonais.
Avant de pouvoir profiter des informations concernant le pèlerinage, ils voulaient que je réserve les hébergements et le service bagage... Premièrement, je voulais vivre mon aventure en mode improvisation donc j’ai refusé de réserver l’hébergement, et deuxièmement, j’ai rigolé quand elle m’a proposé de payer pour transférer mon petit sac à dos de 5kg à l’étape suivante...
Je regarde autour de moi... Que des étrangers avec des valises à roulettes... Je commence à comprendre leur seul intérêt commercial.
En insistant, je réussis à récupérer une brochure avec le nombre de kilomètres et une carte du parcours. Ils finissent en me disant que sans réserver les hôtels ce n'est pas possible de faire le pèlerinage. Mais ce qu'ils ne savaient pas c'est que j'avais prévu d'improviser mon pèlerinage quitte à dormir dehors.
Takijiri, point de départ du pèlerinage
Après cet échange «intéressant » je me rends à Takijiri en bus, point de départ de mon pèlerinage. Il est 16h, et ne me reste plus que 2 heures avant le coucher de soleil... Je ne conseille à personne de faire cela. Il vaut mieux partir de bon matin à la fraîche et se laisser le temps de parcourir le chemin à son allure.
Pour ma part, j'avais envie de vivre cette semaine en mode improvisation pour vivre une "aventure" et, pour être honnête, me vider la tête...
Le parcours commence par une petite ascension qui me conduit jusqu'au sommet d'une montagne d'où j'ai la chance d'admirer un superbe coucher de soleil. Une synchronisation parfaite qui me donne l'impression que tout mon séjour allait bien se goupiller...
Après une petite pause, je poursuis mon chemin avec l'objectif de parcourir 4km. J’atteins mon objectif à 17h30 en arrivant à Takahara.
Une fois dans le village, je me tâte à poursuivre mon chemin jusqu'au village suivant. Je parle à une villageoise qui se demande ce que je fais dehors à cette heure-ci. Elle m'indique le chemin pour aller au village suivant, mais elle me prévient qu'il y en a pour 4h de marche...
J'hésite entre lui demander le gîte ou poursuivre ma route... J'avais envie de vivre une "petite aventure", je décide donc de reprendre le chemin alors que la nuit tombe. Je quitte Takahara à 17h40 alors que la forêt était des plus sombres.
Je sors donc ma lampe frontale, et j'avance en me concentrant sur mes pas. J'entends des grillons, des grenouilles,... J'avance dans le noir sans aucune visibilité au-delà de 10m... J'essaie de ne pas penser aux risques de marcher dans la nuit... Je fais le vide dans ma tête...
Soudain, un bruit réellement effrayant !
J'entends un animal, sans doute 50-60kg courir à pas lourds dans ma direction. Je ne vois strictement rien... Mon esprit s'est mis à imaginer le pire. Pour moi, c'était un ours... à 20m de moi sur ce chemin. Je réagis vite en levant les bras et en faisant du bruit...
Je ne bouge pas d'un millimètre... La bête part sur le côté du chemin. J'avance d'un pas ferme. J'oriente ma lumière dans sa direction. Je passe à quelques mètres de lui. Je ne vois toujours rien. Je m'éloigne de 200m, et je me mets à courir comme jamais dans les montagnes pendant 10 minutes.
De temps en temps, je m'arrête pour écouter si j'entends des pas derrière moi... Rien... Mais je continue à courir.. On ne sait jamais !
Après cette rencontre impromptue, je décide de m'arrêter dormir dans le premier lieu civilisé que je trouve. Je passe à côté d'une aire d'autoroute. Je quitte le chemin pour faire d'un banc mon lit d'un soir.
Au final, je me suis arrêté à 20h30 après 11km de marche, et j'ai dormi en tout 2h cette nuit-là. Réveillé à chaque fois par les camions ou les voitures qui s'arrêtaient sur l'aire de repos.
Le jour suivant, je reprends mon chemin avec le lever du soleil.
En ce deuxième jour de marche, j'ai parcouru 30km... J'étais épuisé... J'avais une tête horrible... .
La journée s'est découpée en 3 ascensions (et 3 descentes) avec un dénivelé de 800m à chaque fois... A la fin, ça commençait à être très dur physiquement... Mais les paysages étaient sublimes ! Des montagnes verdoyantes se perdant dans les nuages.
Le chemin passe par des petits temples perdus dans la forêt. À chaque fois, il y a un tampon rouge à proximité pour marquer notre credential (carnet de route du pèlerin).
À noter que j'ai passé la journée tout seul ! À l'inverse du chemin de Compostelle qui comptent des centaines de pèlerins, sur le Kumano Kodo on est seul de chez seul !
Arrivée à 17h à Kumano Hongu, l'un des 3 lieux les plus emblématiques du Kumano Kodo avec le plus grand Torii du Japon.
Je me rends au centre des pèlerins du village et ils me donnent un certificat, Dual Pilgrim, pour féliciter les personnes qui ont parcouru le Chemin de Compostelle et le Kumano Kodo ! À ce moment-là, j’étais déçu, je m'attendais donc à une petite cérémonie avec une remise de clé et que quelqu'un m'indique la direction de cette cité secrète.... Et ben non... Rien... On m'a juste dit "Bravo!".
Le soir, je suis KO. Je décide de m'offrir le luxe d'un vrai lit et je me rends dans une auberge où je m'endors à 19h...
Initialement, je voulais prendre un bateau pour mon troisième jour de pèlerinage, celui-ci longe la rivière de Kumano Hongu jusqu'à Shingu. Mais n’ayant pas réservé de logement via le centre d’information de Tanabe... Je n’avais pas le droit de monter sur le bateau... Un mal pour un bien !
Je prends donc un bus scolaire pour me rendre à Shingu. Le paysage est tout aussi beau.
Shingu est le second lieu sacré du Kumano Kodo. Un temple pas si impressionnant, cela me prendra qu'une demi-heure pour le visiter.
Je prends alors la route en direction du sanctuaire Kumano Nachi Taisha. Le chemin original des premiers pèlerins, il y a plus de mille ans. C'est par la suite que les chemins du pèlerinage se sont multipliés.
En arrière plan de ce sanctuaire une cascade de 133 mètres de hauteur. Je décide de m’y rendre par un petit chemin qu’aucun touriste n’emprunte...
Un petit sentier quasiment abandonné... Ces trois jours de pèlerinages et d’aventures commençaient à avoir raison de moi... J'étais épuisé ! Je n'avais qu'une seule envie, c'était de rentrer à Osaka pour retrouver mon lit... Je me suis arrêté au milieu du chemin, j'ai regardé derrière moi... J'avais envie de rentrer... puis un brouillard a surgit de nulle part... Une atmosphère mystique...
C'est alors que j'ai compris ! J'avais enfin découvert la cité secrète !
Je poursuivis mon chemin jusqu'au sommet de la cascade !
Après Kumano Nachi Taisha, je me suis rendu à Kii Katsura pour finir mon aventure dans la péninsule de Wakayama. Un port de pêche où il y a de nombreux étrangers qui s’y rendent pour travailler sur les bateaux.
Étant Marseillais, je me suis plu dans cette petite ville.
L'odeur de la mer mélangée à la mélancolie du marin...
J'en ai profité pour plonger mes pieds dans un onsen public (bains chauds au bord de la route).
J'attends mon train et je retourne sur Osaka, le soir même !
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Article rédigé par notre ambassadeur NOHO TRAVELS