Comme toutes les merveilleuses créations, l’alcool a été découvert par accident, lors de la fermentation naturelle de fruits trop mûrs.
L’hypothèse de l’attraction des humains pour l’alcool remonterait à l’époque primate, les molécules d’éthanol contenues dans ces fruits trop mûrs auraient favorisé notre évolution. Le problème est que nos ancêtres primates consommaient occasionnellement des fruits fermentés dont le taux ne dépassait pas 5% et qu’aujourd’hui nous en consommons davantage et avec des taux plus élevés !
Aux origines
L’alcool fabriqué par l’humain se retrouve dans tous les pays du monde à des époques différentes mais tous à des temps très anciens ! Les premières traces de ce qui s’apparenterait à de la bière remonteraient à 13 000 ans au Nord de l’actuelle Israël , dans une grotte où étaient enterrés de nombreux squelettes. Les archéologues l’ont alors associé à des cérémonies funéraires ou à une place importante dans la société.
Il a été attesté que 4000 ans av-JC, les Égyptiens maîtrisaient la vinification et s’en servaient lors de rites religieux, c’est la première trace officielle de ce rapport entre l’alcool et la religion. Le dieu associé au vin en Egypte était Osiris, dieu mort-vivant, traditionnellement représenté de couleur verte symbolisant la renaissance et associé à la végétation. Le vin incarne ici le sang à l’image du sang du Christ. Chez les grecs le vin est associé à Dionysos et chez les romains à Bacchus. Il était consommé par les nobles ou bien lors des festivités telles que les Bacchanales, fêtes associées à la débauche où les excès d’alcool et de sexe trônaient en bonne position !
Les conquêtes de l’empire romain ont démocratisé la consommation de vin et d’alcool, la plantation des vignes au gré de leurs avancées mais l’homme à tendance à tomber facilement dans les excès et cette boisson sacrée s’est popularisée et a perdu son aspect saint.
Quelques siècles plus tard, les Arabes inventent le mot « Al Khol » qui apparaît dans la péninsule ibérique en 1278 mais qui ne prendra sa forme actuelle « alcool » qu’au XVIème siècle. Alcool signifie « ce qui est très subtil » avec une notion de mensonge ou d’illusion lorsque l’on commence à s’enivrer et que notre perception du monde change.
Un pharmakon
L’alcool est un « pharmakon », ce terme d’origine grecque signifie à la fois remède et poison si l’on en abuse, c’est exactement l’essence de l’alcool ! Le terme pharmakon peut s’employer pour de nombreuses plantes médicinales qui deviennent toxiques ou même mortelles si l’on dépasse les doses prescrites, c’est le cas de la belladone, le colchique, l’absinthe, la cigüe ou encore le pavot.
Hippocrate (-460 av JC), le fameux médecin antique grec se servait déjà des vertus antiseptiques ainsi que pour lutter contre les inflammations, sauvant de nombreuses vie grâce aux propriétés de l’alcool.
600 ans plus tard, ses écrits ont traversé la mer et ont été étudiés par Claude Galien, un médecin romain, qui le prescrivait comme base de nombreux remèdes. Les blessures des gladiateurs étaient soignées avec une mixture à base de vin et il ne semblerait qu’aucun n’ait succombé à la suite de ces soins.
Un saut dans le temps à l’époque napoléonienne, les médecins des batailles le prescrivaient comme anesthésique, permettant aux soldats de moins ressentir la douleur et de combattre plus longtemps, éventuellement d’atténuer la peur lors des combats.
Whisky et whiskey
Vous avez sûrement déjà vu ces deux orthographes en vous disant que c’était la même chose, vous n’avez pas tout à fait tort mais cela nécessite un petit éclairage.
Le whisky est le nom d’une eau-de-vie obtenue après distillation de céréales maltées (germées), cela peut être du blé, du maïs, du seigle, de l’avoine ou de l’orge. Le plus souvent, vous rencontrerez des whiskys « blend » ce sont des assemblages qui permettent d’obtenir différentes saveurs qui font également varier le prix !
Pour obtenir l’appellation « whisky » le breuvage doit fermenter au minimum 3 ans. Mais après ces courtes explications, vous ne savez toujours pas la différence entre whisky et whiskey ! La paternité du Whisky est disputée depuis le XIIIème siècle entre l’Ecosse et l’Irlande, uisge en gaélique écossais et uisce en gaélique irlandais signifient tous les deux « eau » et se prononcent de façon similaire à « whisky ». Le terme whisky est associé à l’Ecosse, au Canada et au Japon, alors qu'on utilise le mot whiskey pour les productions irlandaises et américaines.
À cette époque l’eau-de-vie était essentiellement considérée comme un médicament, les moines, physiciens et alchimistes perpétuèrent la technique de la distillation en Europe et au fil du temps.
Complications et prohibitions
A partir du XVIIIème siècle, la consommation d’alcool commença à devenir problématique car elle avait de plus en plus de conséquences néfastes sur les consommateurs, en majorité les hommes qui développaient des problèmes de comportement et de ponctualité au travail ! Le siècle suivant a connu de grandes avancées technologiques et industrielles et les problèmes liés à l’alcool ne faisaient que croître, obligeant plusieurs états à interdire la production et la vente d’alcool. C’est le cas notamment des Etats-Unis, auxquels on associe généralement le terme « prohibition », la période dura de 1920 à 1933.
Avec l’impossibilité de produire de l’alcool industriellement et donc d’en acheter, beaucoup ont eu l’idée d’en fabriquer eux-mêmes dans leur cave, c’est ce qu’on appelle l’alcool de contrebande. Fabriquer son alcool implique de nombreux risques, notamment celui d’obtenir un alcool frelaté qui en plus d’être fort aura des conséquences désastreuses sur la santé : intoxications, difficultés respiratoires, perte de la vue etc. Les grecs antiques cependant décrivaient déjà des phénomènes de cirrhose avec ses complications !
Il semblerait que la création des cocktails remonte à cette époque-ci, notamment pour masquer le goût de l’alcool mauvais ou frelaté en le mélangeant à d’autres alcools et jus de fruits. Le Cuba Libre (rhum + coca) ainsi que le Bloody Mary (vodka, jus de tomate, tabasco et branche de céleri) ont été inventés pendant la prohibition par exemple !
En France , la légende veut que l’absinthe, adulée des poètes et artistes, ait été interdite car elle rendait fou, notamment à cause des dégâts causés par la molécule de « thuyone ». Une consommation excessive et à un degré très élevé, entre 45 et 72°, ont eu un impact irréparable sur la santé de nombreuses personnes, appelé communément « alcoolisme ». Voici la raison véritable de l’interdiction de la « Fée Verte » en France et en Suisse , sa consommation trop élevée menait à la multiplication des alcooliques et de ses conséquences. L’Artemisia absinthium était pourtant déjà bien connue des Égyptiens et des Grecs il y a des milliers d’années, mais la boisson que l’on connait aujourd’hui a été créée en Suisse au XVIIIème siècle avant d’être interdite en 1915 et ce jusqu’en 2011.
Les maladies qui ont frappé et décimé les vignes au XIXème siècle ont permis de se concentrer sur de nouveaux cépages au siècle suivant et sur de nouvelles méthodes de vinification. La deuxième moitié du XXème siècle a été un véritable tournant dans l’histoire du vin en France, les vignerons ont préféré se concentrer sur la qualité que sur la quantité qui primait jusqu’à présent, permettant d’arriver à des crus d’exception et à l’explosion de l’oenotourisme.
Lorsque l’on voyage, c’est l’occasion de goûter à la gastronomie locale et cela implique parfois de goûter à des alcools locaux ou « fait maison » ! Les locaux ne se priveront pas de vous approcher pour vous faire tester leur production, établissant ainsi un lien social avec des étrangers. Vous aurez peut-être l’occasion de goûter des vodkas polonaises ou russes, du Salmiakki Koskenkorva en Finlande ou encore du saké au Japon ! Quoi qu’il en soit, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, restez prudents lorsque vous êtes en voyage !
Article rédigé par Ysabelle
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