Aujourd'hui, il fait le bilan et partage les moments forts de son aventure.
87 jours, 3 mois, un quart d'une année... Ça peut paraître peu dans la vie d'un homme mais ce laps de temps a eu un énorme impact sur la vie de Tom de Vanctomont. C'est la durée de son aventure au Canada : la traversée à vélo de Vancouver à Montréal.
Au cours de ce voyage, j'ai pu découvrir des paysages magnifiques, rencontrer des personnes fabuleuses et surtout vivre une expérience extraordinaire. Voici le récit de mon projet VanctoMont.
Des paysages à couper le souffle
Un des éléments qui a rendu mon voyage extraordinaire ce sont les paysages. Au cours des 4 700 km de vélo, j'ai vu des paysages divers et variés, allant des plaines, aux étendues d'eau à travers les six provinces traversées.
Ma préférée est celle de Jasper/Banff (Colombie Britannique/Alberta). Les chaînes de montagnes me laissaient sans voix à chacun de mes coups de pédales. Elles me faisaient vivre un rêve éveillé et j'avais du mal à me rendre compte de l'immensité des paysages.
La traversée du Saskatchewan et du Manitoba a été épuisante physiquement mais surtout mentalement. Ce sont deux provinces avec des plaines comme seul paysage. Les plaines, c'est agréable car il n'y a pas trop de dénivelé mais ça devient vite un enfer quand il y a du vent.
Mon challenge n'aurait pas été si beau si je n'avais pas eu autant de vent une grande partie du temps, ralentissant mon avancée. Le seul souci c'est qu'il était parfois très violent, au point de me contraindre à réduire mes distances et à me mettre en danger avec les appels d'air créés par les camions.
La frontière entre le Manitoba et l'Ontario était vraiment flagrante. Les étendues de plaine ont laissé place à un relief vallonnée et rocheux. La traversée de cette province a été plus physique que je ne le pensais.
Même si il n'y a pas de hauts sommets comme dans la Colombie Britannique, l'enchaînement des vallées rendait mes journées très physiques. Mais les paysages étaient vraiment magnifiques : les roches, les pins et les lacs donnaient un beau mélange de couleur.
Au cours de ces trois mois, je suis passé par quelques villes canadiennes. Tout d'abord, j'ai atterri mi-avril à Vancouver. J'ai vraiment apprécié cette ville, qui a un petit air de San Francisco. Vancouver est remplie de petits parcs entre les tours d'habitation, permettant de s'évader facilement de l'ambiance urbaine.
De plus, les gens sont vraiment paisibles, comme dans tout le Canada d'ailleurs, mais j'y reviendrai un peu plus tard. En tout cas, je conseille fortement la ville de Vancouver.
Winnipeg a été ma seconde grande ville et mon point d'arrêt pour les révisions de mon vélo et de mon corps. J'ai trouvé cette ville sans grand intérêt, elle m'a seulement permis de faire une bonne pause (bien méritée) et de reprendre des forces, mais il n'y a pas grand-chose à voir à l'exception de quelques musées, dont celui des droits de l'Homme que j'ai visité.
C'est à la fin de mon aventure que j'ai passé le plus de temps dans les villes puisqu'en l'espace de deux semaines, j'ai visité Ottawa, Toronto et Montréal. Toutes sont vraiment différentes les unes des autres.
Ottawa, capitale du Canada, héberge les gouvernements canadiens. On ressent vraiment l'influence britannique que ce soit dans l'architecture des bâtiments que dans le fonctionnement du gouvernement.
La ville d'Ottawa est relativement petite pour une capitale. On peut se balader à pied sans problème, on ne ressent pas une atmosphère étouffante. C'est vraiment agréable de se promener le long du canal Rideau ou d'errer dans le Marché By en sentant les nombreuses saveurs culinaires (Maroc, Italie, Inde, etc.).
Les trois jours que j'ai passés dans cette ville m'ont suffi pour faire les points d'intérêt, mais je pense que j'y reviendrai avec plaisir pour explorer plus en profondeur cette ville !
L'étape suivante était la ville de Toronto. Après quelques jours de vélo pour rejoindre la ville de Kingston, je me suis dirigé vers Toronto pour rejoindre ma famille. C'était totalement différent des villes précédentes.
C'est LA grande ville du Canada, avec une forte ressemblance avec New York. Toronto est la ville la plus cosmopolite du monde et ça se ressent dans les rues, dans les restaurants ; il y a une atmosphère que j'ai vraiment apprécié.
Au cours de ces deux jours sur place, le programme a été la visite des quartiers de la ville et en prime un match de baseball des Blue Jays. Toronto est vraiment agréable, malgré le bruit constant d'une grande ville, plusieurs parcs/quartiers permettent de s'évader comme celui de l'ancienne distillerie ou le quartier de l'Université. C'est clairement une ville dans laquelle je pourrais vivre.
C'était avec une certaine émotion que j'ai rejoint Montréal, la ville finale de mon aventure. Après trois jours à longer le fleuve Saint Laurent, dans un cadre idéal, je suis arrivé dans la ville de Montréal, partagé entre le soulagement d'être arrivé sain et sauf, la fierté d'avoir traversé le Canada à vélo et la tristesse que cette aventure exceptionnelle se finisse.
Cette ville est un gros coup de cœur pour moi. La majorité des habitants parlent français et c'est un avantage après avoir passé 3 mois dans un environnement anglophone.
Dans le centre des affaires, on retrouve des grands buildings de plusieurs dizaines d'étages, mais après quelques minutes de marche, je me trouvais dans des quartiers beaucoup plus ruraux avec des bâtiments de 3 étages maximum, permettant de s'évader très rapidement du bruit et de la ville. Les avantages d'une grande ville dans une ville à taille humaine, voilà la définition que je peux donner de Montréal.
Et comme j'étais au Québec, j'étais obligé de passer par une étape culinaire indispensable... : La poutine !
Mon aventure c'était aussi un voyage rempli de rencontres. J'ai choisi de traverser le Canada pour deux raisons : les paysages et les canadiens. Je voulais vérifier la légende disant que les canadiens étaient très gentils.
La première rencontre s'est faite avec mon hôte de Vancouver, une personne très agréable serviable et absolument impressionné par le périple que j'allais entreprendre. Cette réaction, je l'ai également rencontrée avec les gérants d'un petit restaurant à côté de mon logement où j'ai pris mes petits déjeuner.
Le jour J de mon départ, le 20 Avril, ils étaient presque plus enthousiastes que moi et ils se sont inscrits sur les réseaux sociaux pour pouvoir me suivre.
Des rencontres exceptionnelles
L'aventure commence sur de bonnes bases en termes de rencontre !
Il n'est pas facile d'aller vers les gens quand on ne maîtrise pas la langue à 100 % et j'avais une certaine retenue due à mon tempérament. Mais tous les Canadiens que j'ai sollicité m'ont ouvert les bras pour m'accueillir. C'est notamment le cas de Karen et John. Le jour de mon départ de Winnipeg, je suis arrivé dans une ville sans camping/hôtel, seulement une petite aire avec des bancs. Hésitant à l'idée de m'y installer, je vais demander à la maison voisine. Karen et John m'invitent alors à planter ma tente dans leur jardin et à venir prendre un verre.
La soirée s'est finie avec 5 whiskys et une bière à parler de tous les sujets, allant de leur anniversaire de mariage, à la politique en passant par la météo au Canada. J'ai passé une superbe soirée qui m'a permis d'ajouter du social dans mon aventure. Je devrais les revoir l'année prochaine, sur mes terres cette fois-ci, puisqu'ils prévoient de venir visiter l'Europe pour leurs 60 ans de mariage.
La seconde rencontre qui m'a vraiment touchée est celle de Rachel. Je l'ai rencontrée sur la route entre Jasper et Banff dans une auberge de jeunesse. Française d'origine, cela fait plus de 20 ans qu'elle vit au Canada, à Gatineau (Québec) plus précisément. Après avoir passé la soirée en compagnie de tous les voyageurs autour d'un feu et d'un verre, elle m'invite à passer chez elle lorsque je passerai au Québec pour rencontrer sa famille et que je leur explique mon projet.
J'ai accepté volontiers puisque cela me permettait de visiter la ville d'Ottawa. J'ai passé 4 nuits dans son logement, à vivre au rythme de Rachel et de ses enfants. J'ai vraiment apprécié faire une pause comme celle-ci, d'arrêter les itinérances. Mais surtout, j'ai pu me rendre compte de la gentillesse des Canadiens, et plus précisément des Québécois notamment en rencontrant des amis de Rachel qui étaient eux aussi impressionnés par mon aventure, sauf que cette fois-ci j'étais sur point de la finir !
Je n'avais pas réussi à trouver beaucoup de témoignages de la traversée du Canada à vélo ce qui me rendait inquiet sur la faisabilité de ce projet fou, mais ce n'était pas le plus fou. J'ai rencontré des gens qui réalisaient un parcours similaire au mien comme Thomas (Photo 1) qui traversé le Canada de Montréal à Vancouver, mais aussi Paul qui lui est parti de Toronto pour rejoindre l'Argentine en solitaire. Le petit point supplémentaire, c'est qu'il voyageait avec le même vélo que moi.
La palme du projet revient à Rich, un anglais qui traverse le Canada de Halifax (1300 km à l'est de Montréal) jusqu'à Vancouver en .... trottinette. C'est la première personne que j'ai croisée (je n'ai pas pensé à faire de photo avec lui malheureusement) et il m'a raconté une partie de son périple entre la neige du début, les problèmes de roue et surtout sa cause. Il fait cette traversée pour sauver les chiens maltraités. Il m'a impressionné et je continue de le suivre sur les réseaux sociaux quotidiennement.
En dehors des rencontres de ce type, ce sont surtout les rencontres quotidiennes qui ont rythmées mon aventure. Il n'y avait pas un jour où un passant, une voiture ou un commerçant ne m'interpellait pour me demander ce que j'étais en train de faire avec mon vélo chargé. A chaque fois, ils avaient le même type de réaction au point de me traiter de fou plusieurs fois. J'ai eu la confirmation que mon projet n'est pas banal.
Les Canadiens sont vraiment très accueillants et très serviables. Je ne regrette pas une seconde le choix de ce pays pour réaliser un tel périple. Toutes ces rencontres resteront gravées dans ma tête.
Une expérience des plus agréables
De manière générale, cette expérience m'a vraiment marquée .J'ai commencé à faire du vélo au mois de Janvier 2019, et avec 500 km de vélo dans les jambes. De mi-avril à mi-juillet, j'ai parcouru 4700 km en 57 jours de vélo, soit une moyenne de 80 km/jour. J'ai encore du mal à y croire : en partant de rien, j'ai pourtant réussi à accomplir ce défi.
Tout au long de mon périple, j'ai vraiment dû sorti de ma zone de confort à différents points de vue : que ce soit pour aller à la rencontre des gens pour avoir des informations, ou encore lorsque j'ai dû gravir un sommet avec mon vélo chargé. Si j'avais une anecdote à retenir de mon voyage, ce serait celle de ma première nuit en camping sauvage. Je suis arrivé à la destination prévue ce jour, soit 60 km depuis ma ville de départ, mais aucun des campings n'est encore ouvert.
La saison ne commençait que deux semaines plus tard. J'ai rencontré le chef des rangers du parc qui m'a indiqué un endroit pour faire du camping sauvage. Jusqu'ici aucun souci, mais lorsqu'il m'emmène à l'endroit du campement, je me suis vite rendu compte que c'était à moins de 500 mètres de l'endroit où j'avais croisé un ours noir cherchant de la nourriture. Autant dire que je n'étais pas très rassuré mais je n'avais pas trop le choix.
J'ai alors planté ma tente dans un petit renfoncement et j'ai mis mon garde-manger en hauteur.
Durant l'ensemble de la soirée je n'étais pas rassuré. Je me suis rapidement réfugié dans ma tente, équipé de ma bombe à poivre, mon Opinel et mon couteau suisse (même si je sais que je n'aurais pas fait le poids avec ces équipements face à un ours affamé sortant d'hibernation !). Finalement, le bruit de la cascade, le silence de la forêt ont eu raison de moi et j'ai passé l'une des meilleures nuits de mon aventure.
C'était une expérience très riche, physique mais aussi et surtout mentale. Je suis fier d'avoir traversé le deuxième plus grand pays du monde. Maintenant il ne me reste plus qu'à réfléchir au prochain voyage, et pourquoi pas la Nouvelle-Zélande ?
Si vous n'avez pas suivi l'aventure de Tom, voir :